
Dans la tête d'une orthopédagogue pas comme les autres ...
Questions d'éthique et déontologie
Dans le cadre du cours d'éthique et de déontologie, il nous a été demandé de choisir une situation comprenant un conflit éthique et nous devions le résoudre.
Ce travail a été réalisé par Marion Cruysmans, Camille Geysels et Maxime Jacobs.
Description de la situation
« Lors d’un camp de vacances, un jeune garçon de 7ans est très violent avec ses pairs (il les frappe, les étrangle quand il doit attendre son tour …) et avec ses instructeurs quand ceux-ci le grondent lors de ses méfaits. Son comportement est totalement en opposition avec le comportement dit « normal » que devrait avoir un enfant de cet âge-là.
Lors de ce camp, il va finir par se confier à l’un des instructeurs grâce à une relation de confiance qui s’est installée entre eux. Cette relation a pu être créée par le biais d’une prise en charge douce lors de ses crises. Au lieu de lui crier dessus lorsqu’il fait des bêtises, elle le prend dans ses bras, lui parle calmement et il se calme rapidement en pleurant. Il va donc avouer qu’il fait cela, car il ne connaît que ça au centre. Il y est maltraité : on l’enferme dans une pièce plongée dans le noir pendant des heures, on ne le soigne pas (les instructeurs se sont rendu compte que l’enfant a les pieds remplis de verrues). Cependant, il ne veut pas que l’instructrice ne le dise pas aux autres animateurs et encore moins à des personnes extérieures. »
Questionnement éthique
En tant qu’orthopédagogue, comment prendre en charge cet enfant en respectant son choix de silence envers autrui ? Mais aussi en respectant la loi établie par notre société (non-assistance à personne en danger) ?
Recherche sur des faits particuliers
a) Qu’est-ce qu’un trouble oppositionnel ? Quels sont ceux de l’enfant ?
Un trouble oppositionnel avec provocation il se définit par des comportements récurrents négatifs provocateurs et désobéissants le plus fréquemment face à une figure d’autorité. Ils appartiennent au trouble des comportements externalisés. En d’autres mots, un trouble oppositionnel est perçu quand un enfant a un comportement contraire à la norme d’enfants de ce même âge (référence au développement de l’enfant).
b) Le centre où il est maltraité ?
Nous ne pouvons pas donner de nom. Mais nous pouvons dire que le centre accueille des enfants dont les parents ne sont plus capables de s’occuper.
Discussion et argumentation
Pour commencer, nous trouvons important de remettre la définition de ce qu’est l’éthique : « une disposition psychique (éthos), une posture par laquelle on s’interroge, individuellement ou collectivement sur la décision, le comportement LE PLUS JUSTE à adopter dans l’intérêt de l’autre, pour son BIEN.
Marion : Je pense que nous n’avons pas le choix, qu’il faut en parler, car nous sommes dans une situation où on arrive à un point où l’enfant est maltraité. Pour moi, on arriverait même au point d’une non-assistance à personne en danger.
Camille : Je ferai la même chose que toi, mais pour commencer, j’irai en parler à une assistante sociale.
Marion : effectivement, je ne vais pas en parler à tout le monde. Je chercherai, comme tu l’as dit, l’assistante sociale afin de lui en parler.
Camille : Est-ce que ce petit garçon a une sœur ou un frère ? Afin de pouvoir essayer de poser des questions, vérifier ses dires.
Marion : Oui effectivement, c’est ce que nous avions fait. Il a une grande sœur et comme c’est un enfant en qui nous n’avions pas vraiment confiance, nous avons demandé à sa sœur, sans dire ce qu’il nous avait dit, comment ça se passait dans le centre.
Maxime : Je trouve qu’au niveau de la loi nous sommes liés au décret de la non-assistance à personne en danger. Mais il est important de faire attention de ne pas directement prévenir les autorités sans avoir une réelle preuve (comme on le mentionne au-dessus). Mais il faut aussi prendre en compte qu’en ne respectant pas le choix de l’enfant, en précipitant les évènements. Nous risquons de perdre la confiance et le contact de l’enfant.
Camille : J’interrogerai les anciens animateurs afin de savoir si l’enfant était déjà venu au camp. Je demanderai s’ils avaient vu certaines choses et si l’enfant en avait déjà parlé. Si oui, je poserai la question afin de savoir si une démarche avait déjà été mise en place.
Maxime : J’essayerai d’avoir un contact avec les parents. Savoir si quelque chose s’est passé avec l’enfant.
Marion : Je ne suis pas d’accord. Le fait d’en parler aux parents est trop délicat, ils pourraient s’inquiéter davantage. Ils n’ont plus la garde de leur enfant donc je ne pense pas que ça soit notre devoir d’avoir un contact avec eux. Au pire, un contact avec le juge qui les a séparés, mais ça pourrait accélérer la procédure.
Lors du dernier cours d’éthique et de déontologie, nous avons encore eu un débat sur notre question éthique. Il en est ressorti un troisième scénario qui serait celui où l’on insisterait auprès de l’enfant afin qu’il accepte que l’on en parle à un supérieur.
Résolution possible de l’enjeu éthique
Nous avons ressorti deux valeurs qui dans ce dilemme sont : le besoin de venir en aide à une personne en danger et la confiance que l’enfant a placée en nous. Confiance qui se traduit par sa demande de ne pas en parler.
Quant aux normes, il nous est demandé de venir en aide aux personnes en danger tout en respectant les droits de l’enfant (ces normes font référence aux lois « Décret relatif à l’Aide à la jeunesse (1991) », « Convention internationale des droits de l’enfant (1990) : l’intérêt de l’enfant » et on peut ajouter pour être plus complet « R.O.I. des institutions (de l’école, du centre d’accueil, etc.) »).
Dans le cas où nous promettons à l’enfant de garder le silence, le courant éthique de Kant (éthique déontologique) prend tout son sens.
D’après lui, normalement nous devrions dire la vérité, mais dans ce cas-ci, nous sommes confrontés à deux devoirs en conflit. Nous devons donc prendre en considération les conséquences de nos actions.
Le courant conséquentialiste nous dit qu’on ne se préoccupe pas des intentions de nos actions, mais des conséquences de celle-ci. Le but étant de choisir les conséquences qui vont promouvoir le bonheur et le bien-être de la personne concernée.
Dans notre cas, nous devrons donc en parler à une personne compétente afin de soulager l’enfant.
D’après Kohlberg, il y a plusieurs manières de réagir face à un dilemme. Il les a classés en 3 niveaux et 6 stades différents (2 stades = 1 niveau) qui vont du niveau moindre de maturité jusqu’au stade le plus avancé de la perfection morale. Il est important de dire que pour sa classification, Kohlberg s’est basé sur un public principalement masculin. D’après lui, les femmes ne pouvaient dépasser le stade 3, car elles avaient une immaturité éthique et une déficience dans le raisonnement morale.
C.Gilligan n’est pas d’accord avec cette façon de penser et explique qu’elles ont une autre façon de répondre aux dilemmes. Elle appellera ça « éthique du care ». Elle explique que les femmes vont donner priorité aux besoins des personnes plutôt qu’au point de vue moral, devoir et rationnel. Elle définit le care comme une capacité à prendre soin des autres.
Pour faire le lien avec notre travail, si l’orthopédagogue décide d’en parler, elle se retrouvera dans les principes du care car elle décidera de prendre soin de l’enfant. Dans cette situation le bien-être final de l’enfant est primordial.
Résolution finale
Pour nous, il est important de prendre soin de l’enfant. Nous décidons donc de choisir la dernière solution (éthique du care) et la conséquentialiste, car notre but est de promouvoir le bien-être de l’enfant en nous impliquant auprès de lui. Nous voulons placer le bonheur de l’enfant au centre de notre prise en charge.
Nous pensons que pour ce dilemme, nous devrions parler avec l’enfant afin de lui faire comprendre que pour son bien-être, nous devons en parler à un supérieur.