
Dans la tête d'une orthopédagogue pas comme les autres ...
Problématique des Hauts Potentiels
Dans le cadre du cours sur les enfants haut potentiel, il nous a été demandé de choisir 3 thèmes vus au cours, d’interroger la littérature afin d’en apporter une définition ou des explications plus complètes et d’y formuler des limites et/ou des critiques. Ensuite, nous devions expliquer ce que cela nous apporterait dans notre pratique future et pour finir, opérer une analyse réflexive.
Voici les articles que j'ai consulté :
Thèmes choisis
Pour ce travail, j’ai décidé de travailler sur 3 articles différents. Dans un premier temps, j’ai décidé d’approfondir la notion d’intelligence que nous avons abordée lors de notre premier cours.
Dans un second temps, je parlerai des caractéristiques d’un enfant haut potentiel et pour finir, il me semblait intéressant d’analyser des témoignages.
L’intelligence
Institutrice de formation, je trouvais intéressant de choisir un article sur Jean Piaget et sa théorie de l’intelligence. En effet, aujourd’hui, notre enseignement se base (la plupart du temps) sur le constructivisme dont J. Piaget a été l’inventeur.
J’ai donc lu le premier chapitre du livre « L’intelligence de l’enfant » de Marine Fournier, qui se nomme « Jean Piaget et les stades de l’intelligence. »
M. Fournier (M.Fournier, 2009. Page 20) explique que, selon Piaget, le développement de notre intelligence s’appuie sur différents stades. De la petite enfance à l’adolescence, nous passons par des étapes en lien les unes avec les autres. Pour pouvoir passer à l’étape suivante, il faut que la précédente soit acquise. Ces stades permettent à l’enfant de ne plus être dans la subjectivité et donc d’avoir une pensée abstraite.
Mais cela n’explique pas ce qu’est l’intelligence.
L’auteur (M.Fournier, 2009. Page 19) nous informe que, d’après Piaget, l’intelligence est la capacité à s’adapter. Pour lui, comme je l’explique ci-dessus, nous bâtissons nos connaissances grâce à nos actions. Afin de pouvoir nous adapter, nous devons utiliser ce qui nous est inné (les structures mentales) et notre acquis (considérer le monde qui nous entoure).
Suite à cela, nous pouvons faire un parallèle avec Alfred Binet. En effet, pour ses travaux, J. Piaget a été fort influencé par ceux de A. Binet. L’un comme l’autre s’intéresse à l’âge et au niveau intellectuel pour expliquer l’évolution de l’intelligence.
Mais la différence est que Binet veut pouvoir mesurer l’intelligence. Pour cela, il va mettre en place une échelle métrique qui sera plus tard à l’origine du test de quotient intellectuel que nous connaissons aujourd’hui. Au début, ce test permettait d’aider les enfants ayant une déficience mentale à s’orienter scolairement. Maintenant, nous utilisons ce test pour découvrir de nouveaux génies, c’est un test que l’on fait passer à des enfants que l’on soupçonne être des enfants hauts potentiels.
Après la lecture de plusieurs articles et avoir suivi le cours sur « l’intelligence en question », je me rends compte qu’aujourd’hui, nous ne savons pas encore réellement ce qu’est l’intelligence. Souvenons-nous du tout premier cours que nous avons eu sur le sujet. Madame Schmitz nous avait demandé de donner une définition de ce qu’était l’intelligence. Sur 20 élèves, il y avait 20 définitions différentes. Nous nous basons sur ce que Piaget nous a apporté, mais beaucoup d’autres chercheurs donnent de nouvelles informations. Par exemple, en 1979, Howard Gardner met en avant que l’intelligence est définie en 8 catégories. Et pourtant, il a été, par la suite, démontré que c’était un neuromythe.
Aujourd’hui, le test de Binet a évolué, mais nous continuons à l’utiliser pour tester les enfants afin de connaitre leur niveau de maturité et d’y déceler des problèmes. Il permet de réorienter l’enfant si cela s'avère nécessaire, d’adapter sa scolarité ou encore de lui proposer une aide.
En tant qu’orthopédagogue
Pour mon futur métier, je me pose la question de savoir s’il est vraiment intéressant de faire passer un test de QI à un enfant dont on pense qu’il est haut potentiel. En effet, nous avons mis en évidence lors du cours que ce test n’apportait pas grand-chose au futur des enfants HP, qui étaient même parfois mis de côté parce que - je cite - « ils sont plus intelligents donc comprennent mieux et n’ont pas besoin de notre aide ». De plus, les parents sont généralement demandeurs du test. Il faudrait donc avoir une discussion sur ce que va réellement apporter le test à leur enfant. Je pense que je réfléchirai deux fois avant de conseiller de tester l’enfant.
Cependant, si la décision est prise de le faire tester, je l’enverrai chez une personne dont je sais qu’elle fera attention à ce que peut apporter ce test tout comme ses limites.
Les caractéristiques des enfants hauts potentiels et nos représentations
J’ai choisi de travailler sur un article provenant de la revue « Enfance » qui se nomme « Etude des caractéristiques psychologiques et psychobiologiques des enfants à haut potentiel », mais aussi à partir de l’introduction du lire « Les élèves à haut potentiel intellectuel » dans lequel on peut prendre connaissance du témoignage d’un enfant haut potentiel, Clément.
Dans mon futur métier d’orthopédagogue, je serai peut-être amenée à croiser des enfants hauts potentiels. Malheureusement comme les caractéristiques sont très nombreuses, je voulais trouver une étude qui pourrait m’aider à trouver les
particularités communes chez chacun d’entre eux afin de pouvoir si besoin plus rapidement les détecter.
Pour commencer, suite à la lecture de l’article « Etude des caractéristiques psychologiques et psychobiologiques des enfants à haut potentiel », il serait intéressant de redonner les caractéristiques de l’enfant HP que j’ai pu y lire.
Selon l’un des auteurs de « Etude des caractéristiques psychologiques et psychobiologiques des enfants à haut potentiel » (I.Simoes Loureiro, F. Lowenthal, L. Lefebvre et L. Vaive-Douret, 2010. Pages 28-32), le nourrisson présente déjà un état d’alerte constant et vers 6 mois, il cherche à se mettre debout. On peut aussi noter que l’apparition du langage est précoce chez ces enfants, tout comme l’accès à la lecture.
Il va adopter des comportements psychoaffectifs singuliers, une sensibilité hors norme hétérogène pour les compétences émotionnelles et des troubles du sommeil.
Pour la partie sociale, on a tendance à penser que l’enfant va avoir du mal à s’intégrer. Sa famille le perçoit comme étant difficile, car il se sent incompris. Mais il va aussi être vite déçu, frustré vis-à-vis des autres, non favorisé, peu motivé, agité et inattentif. Il s’ennuie et se replie sur lui-même.
Nous pouvons ajouter, que suite à la lecture de l’article de Joseph Renzulli (J.Renzulli, 2006. Page 463), nous ne pouvons assimiler à la définition du haut potentiel que à l’intelligence. En effet, le HP va présenter des aptitudes au-dessus de la moyenne mais nous ne pouvons le définir uniquement par cela. Comme indiqué ci-dessus, de nombreuses caractéristiques peuvent jouer un rôle important.
Du point de vue du social, c’est ce que j’ai ressenti dans le témoignage de Clément (R.Guilloux, 2016. Page 24). Il se dit exclu de son groupe classe car il est plus jeune que les autres, mais aussi, car il n’a pas les mêmes centres d’intérêt qu’eux.
Un autre point que je voudrais souligner, c’est l’hypersensibilité. Lors du dernier cours que nous avons eu, nous nous demandions si les enfants HP étaient ou non, plus sensibles que des individus dits normaux. Comme nous l’explique J. Siaud-Facchin dans le livre « L’enfant surdoué, l’aider à grandir, l’aider à réussir » (J.Siaud-Facchin, 2012. Page 30) : « (..), l’enfant surdoué est un enfant d’une émotivité telle qu’il est amené à mettre en place des stratégies et des mécanismes de défense pour s’en protéger. Et c’est dans cette nécessité de mise à distance d’une affectivité débordante que l’enfant construit son identité. Il peut en résulter une personnalité qui semble désaffectivée alors même que c’est en raison de cette ingérence affective incessante, pour se préserver de cet afflux émotionnel continu, que l’enfant a organisé sa personnalité. »
I.Simoes Loureiro, F. Lowenthal, L. Lefebvre et L. Vaive-Douret ajoutent que ces enfants ont en outre une sensibilité hors norme.
En effet, il nous arrive de penser que les enfants surdoués ne savent pas exprimer leurs sentiments. Mais comme il est expliqué plus haut, ce n’est pas qu’ils ne peuvent les extérioriser, c’est plutôt qu’ils font ce qu’on appelle : un évitement émotionnel.
Effectivement, d’après Siaud-Facchin, les personnes haut potentiel ont une perception sensorielle exacerbée, ce qui fait qu’ils ressentent une multitude de choses en plus que les autres. En plus de cela, les informations sont analysées bien plus rapidement, ce qui fait que les émotions sont, elles aussi, attisées.
En tant qu’orthopédagogue
En tant qu’orthopédagogue, je serai probablement amenée à rencontrer des personnes que l’on soupçonne d'être HP. Avec ce que j’ai pu lire dans les articles, il faudra que je sois deux fois plus attentive, car nous avons beaucoup de représentations de ce que c’est, mais au final, nous ne les connaissons pas vraiment. Il va donc falloir faire attention à ne pas tout de suite mettre une étiquette, car certaines personnes peuvent en souffrir.
Conclusion
Pour conclure, je rappellerai que les enfants HP sont tous différents : les caractéristiques que j’ai énoncées ci-dessus ne sont pas seules et uniques, car elles peuvent dépendre d’un individu à l’autre.
L’imagerie médicale est récente et fait évoluer nos connaissances sur le cerveau. Donc, qui sait ce qu’on pourra encore apprendre de nouveau sur les personnes HP ?
Sources
Fournier, M. (2009). L’intelligence de l’enfant : Jean Piaget et les stades de l’intelligence. (p.19-24) Éditions Sciences Humaines.
Huteau, M. (2006). Alfred Binet et la psychologie de l’intelligence. Le journal des psychologues, 234, 24-28.
Schmitz, B. (2020-2021). Problématique des hauts potentiels [Présentation PowerPoint]. Classroom. https://classroom.google.com/u/1/h
Jacquet, E. (2020-2021). Intelligence en question [Présentation PowerPoint]. Classroom. https://classroom.google.com/u/1/h
Siaud-Facchin, J. (2012). L’enfant surdoué, l’aider à grandir, l’aider à réussir. Paris : Ed Odile Jacob.
Simoes Loureiro, I., Lowenthal, F., Lefebvre, L. et Vaive-Douret, L. (2010). Étude des caractéristiques psychologiques et psychobiologiques des enfants à haut potentiel. Enfance, 1, 27-44.
Renzulli, J. (2006). Qu’est-ce que le haut potentiel et comment peut-on le développer chez l’enfant et l’adolescent ? Bulletin de psychologie, 485, 463-468
Scialom, Ph. (s. d.). Infos parents : À quoi sert un test de QI ? Consulté le 5/1/2021, à l’adresse https://www.guide-psycho.com/accueil/infos-parents/a-quoi-sert-un-test-de-qi/#:~:text=Qu'est%2Dce%20qu',Le%20Q.I.
Guilloux, R. (2016). Les élèves à haut potentiel intellectuel (COMPRENDRE AIDE) (French Edition). Retz.